14 juil. 2009

Immigration, extradition et naturalisation




Immigration : Installation dans un pays d'un individu ou d'un groupe d'individus originaires d'un autre pays. (L'immigration est le plus souvent motivée par la recherche d'un emploi et la perspective d'une meilleure qualité de vie.) (Source : Larousse)

Extradition : Procédure par laquelle un État (État requis ou refuge) livre à un autre État (État requérant) une personne poursuivie ou condamnée par la justice de ce dernier. (La procédure d'extradition relève d'une convention entre États, établie selon les règles du droit international public. La France n'extrade ni ses justiciables, ni ses nationaux, ni les auteurs d'infractions politiques.) (Source : Larousse)

Naturalisation : Octroi discrétionnaire par un État de la nationalité de cet État à l'étranger ou à l'apatride qui le demande. (En France, le postulant doit être âgé de 18 ans au moins et résider en France en principe depuis 5 ans.) (Source : Larousse) (NDLR, au Canada, trois ans sur le territoire suffisent au statut de résident permanent pour obtenir la citoyenneté canadienne)


Aujourd'hui, on n'est pas dans la rigoulade. L'immigration, sujet de prédilection en France et dans de nombreux pays occidentaux, est est le thème majeur de Crosssing Over.

Dans Crossing Over, à la Lelouche, plusieurs vies se percutent sur fond d'immigration , d'extradition et de naturalisation.

Il y a cette jeune fille de 15 ans, d'origine Bengali, qui porte le voile et dit comprendre la démarche des terroristes ayant participé au 11 septembre, cette jeune femme de 24 ans, originaire de Tijuana qui se fait déporter pour travail illégal aux États-unis, alors que son fils est confié au soin d'une nourrice peut amène, cette famille d'Iraniens dont le fils ainé travaille au service d'immigration du gouvernement américain et dont la sœur, seule Américaine de naissance, mène une vie libre de toute contrainte familiale, culturelle ou religieuse, ce jeune Coréen à l'aune de sa naturalisation qui préfère jouer les durs avec sa bande de copains, cette Australienne qui essaie à tout prix de se faire naturaliser, au risque d'y laisser son amour-propre, ce jeune juif qui se prétend croyant et pratiquant impénitent pour obtenir une carte de résidence, cet agent vieillissant du ICE (Immigration Compliance and Enforcement, soit contrôle et d'exécution en matière d'immigration en français, NDLR) qui n'est pas insensible au devenir des illégaux refoulés, cette avocate de l'immigration qui se démène pour aider ceux qui aimeraient rester et l'agent de l'immigration qui échange faveurs sexuelles contre cartes vertes.

Ça fait du monde, mais tout prend sa place assez rapidement.

Crossing Over nous explique comment, dans un monde où l'immigration est régentée par des lois et soumise aux événements politiques marquant le siècle, l'accès la naturalisation et au droit du sol se mérite.

Ami lecteur, comme tu es francophone et probablement majoritairement d'origine française, ce sujet te touche particulièrement, mais tu n'es pas le seul.

En tant que Française immigrée au Canada, je suis passée de l'autre côté. J'ai vécu longtemps dans une banlieue riche en immigrés près de Paris, et après quelques passages dans des pays européens, j'ai choisi de tenter ma chance en Amérique du nord. Alors c'est sûr que j'ai chois la "facilité" en venant au Québec : même langue, même origines, mais la réalité est toute autre.

Je fais partie des immigrés de première classe : bon diplôme, bonne expérience, bonne langue, un peu d'euros, j'avais tout pour y parvenir. En effet, mon visa de résidence permanente, je l'ai obtenu au bout de 9 mois, tout compris. D'autres, en France, ont attendu un an, et ceux qui font leur demande en Afrique, au Maghreb ou en Chine, attendent entre 3 et 5 ans pour avoir la leur.

Pourtant, je suis une immigrée. Dès mon arrivée, et malgré une vie active en France de plus de 10 ans, j'ai du faire patte blanche partout où je suis allée : ouvrir un compte en banque, obtenir une carte de crédit, ouvrir une ligne de téléphone, mais aussi me faire des amis.

Être Française m'a bien sûr ouvert des portes. Je cite un chauffeur de bus il y a quelques années : « Ça fait plaisir d'entendre parler français avec tous ces immigrés qui ne font même pas l'effort et qui disent « Speak English, you're in Canada ».

Pffioouuuu. Malheureusement, il y en a combien, qui arrivent dans ce pays, dans cette province, en sachant que la langue parlée, officielle, est le français ?

J'en ai connu beaucoup des Français, qui, arrivés ici ont été déçus de voir que tout était Nord-américain ici, et pas une enclave française en Amérique du nord...

Ici, tu n'es pas chez toi, ami lecteur, tu es dans un autre pays. Autant en France, les immigrés te reprochent de ne pas les accueillir « dignement », autant ici, on te rappelle qu'on t'accueille et que tu ferais mieux de t'adapter aux coutumes locales, si tu veux t'intégrer.

Mais ici, contrairement à la France, nous ne portons pas le poids de la colonisation, rien n'est dû (j'ai jamais su si c'était avec accent ou non), rien n'est acquis.

Ici, tu repars à zéro. Comme aux US. Alors de chez nous, ça paraît brutal, cru, dur, mais un pays ne fait-il pas ce qu'il veut chez lui? Ouuuh attassion, je vais faire grincer des dents.

Chez nous, le poids du passé nous rend redevables. Ici, l'absence de passé rend les gens sûrs de ce qu'ils offrent à ceux qu'ils accueillent.

Ce film nous présente diverses cultures (iranienne, coréenne, mexicaine, africaine, australienne, etc.) qui essaient de faire leur trou aux États-Unis, tout en conservant un minimum de leur culture d'origine.

Nous faisons tous cela, c'est l'esprit grégaire (Se dit d'une espèce animale qui vit en groupe ou en communauté, mais sans structure sociale. Source : Larousse). Ici, depuis cinq ans, je vis au Québec, je paie mes impôts, je consomme, je paie mes factures, mais je vis au sein de la communauté française.

J'ai essayé de me faire des amis québécois. Mais je travaille à mon compte, ce qui signifie que je suis autonome, mais il est difficile de rencontrer des Québécois quand on n'a pas de réelles opportunités. J'arrive au moment où j'ai demandé à être naturalisée québécoise, oh pardon, canadienne, où je suis émue de me retrouver dans la salle du tribunal des naturalisation, mais je ne suis qu'une Française qui vit parmi des Français, à Montréal.

Comment décrivons-nous ce même type d'immigrés en France ? Des personnes qui ont raté leur immigration et qui ne s'intègrent pas. Je peux parler comme les Québécois (ou presque), j'ai acquis les mêmes références qu'eux (BBQ, pâtés chinois et brunchs le dimanche), mais je reste une de ces Françaises qui ne s'intègrent pas.

Crossing Over nous parle de cette difficulté, mais aussi de cette fierté, d'appartenir à un nouveau pays, où nous avons choisi de faire notre vie. Nous ne sommes plus en situation de demander des comptes à un pays où nous sommes nés, où nous avons des acquis, où nous avons des exigences. Il nous parle de ce statut où nous devons gagner nos médailles, où nous devons faire nos preuves, avant d'être acceptés.

Ça change toute la donne. Aujourd'hui, je comprends un peu ces immigrés en France que l'on décrie, parce qu'ils continuent de manger comme chez eux, de prier comme chez eux, et de se tenir avec des gens de leur communauté.

Aussi longtemps que je n'emmerde personne avec mes us et coutumes, je ne veux pas que quiconque vienne me dire comment vivre chez moi. Je paie mes impôts, je ne profite pas du système, je travaille, je consomme, et je vis dans la légalité.

L'immigration, c'est le choix de travailler mieux, mais surtout de vivre libres et en bonne santé.

L'immigration, c'est un choix, mais souvent une nécessité.

L'immigration, c'est un défi, un danger, un courage.

Regarde Crossing Over, ami lecteur, et imagine-toi dans la peau d'une de ces personnes prêtes à tout pour rester dans leur pays d'accueil.

8 commentaires:

  1. Bonjour, bonjour !

    Je vous prie de bien vouloir excuser mon retard, j'étais légerment débordée par mes activités journalières...

    Je dois avouer que je n'ai point vute ce film...
    Dois-je louer ou non ce film ?

    Je vous bizouche,

    Amicalement et avec dévotion,

    R.B.

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  2. Oh oui faites donc, la Baronne, il est bien rythmé, avec de belles scènes, Harrison est toujours un bon atout, faut dire, en effet je vous le dis, louez donc, vous ne serez point déçute :-)
    (heureusement que je vous ai, ce blog s'est sinistré en une semaine...)
    Bzzzzzz

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  3. Arf ma pauvre,

    Il faut avouer aussi que ce sont les grandes vacances en Francie et que les jeunes qui affectionnent la lecture BlogEsQue doivent être entrain de frétiller de la croupinette au soleil...

    Personnellement je pense passer mon blog en mode "holliday" à la fin de cette semaine ( en gros 2 posts par semaine ).

    Je vous fais du bizooo de réconfortation.

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  4. me voilà,me voilà!!mon blog est déserté aussi!!!
    j'aime lire ta vision de la vie à l'etranger,je pensais que les rencontres étaient plus facile au Quebec...

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  5. dites melle pourriez pas vous pencher sur un film que j'ai vu!!

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  6. AYé!!trouvé un ptit W allen ou Tarentino ou Klapish ou d'un film d'il y a qqs années que je regarde trop!!Lost in translation...juste pour avoir un regard différent!....

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  7. QUOI?!! T'es française?!! M'en était même pas rendu compte... Pfff, bon.

    Sérieusement intéressant ce regard sur l'immigration que tu nous livres. Les arrivants qui ont une cultures et une religions très différente de la nôtre, on en entend parler forcément, mais on oubli souvent que même si on a la même langue (ouais bon, on pourrait en débattre mais à la base, on a les mêmes mots... Mettons)et qu'on est très européens dans nos haitudes pour certains d'entres nous, être immigré français, ça doit pas être simple.

    Mais on t'aiiiiimmmeuuu.

    Eh pis je suis de retour de vacances alors je suis prête pour d'autres descrip de cinéma à la Miss Blablah.

    bisous
    x

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